Prendre soin des autres ne doit pas signifier s’oublier soi-même.
Infirmiers, psychologues, éducateurs, RH, responsables d’équipe… Tous ont un point commun : ils donnent. Écoute, accompagnement, disponibilité constante. Mais à force de donner, on s’épuise. La fatigue émotionnelle est l’un des risques les plus méconnus dans les fonctions à forte charge humaine.
Qu’est-ce que la fatigue émotionnelle ?
Il s’agit d’un état d’épuisement profond dû à une sollicitation émotionnelle continue. On est toujours disponible, toujours à l’écoute, toujours en train de “tenir” pour les autres… jusqu’à ne plus pouvoir tenir pour soi-même.
En psychologie, on parle de fatigue de compassion (compassion fatigue), forme spécifique de burn-out chez les professionnels de l’aide ou les responsables émotionnellement exposés.
Quels signes doivent alerter ?
- Sensibilité excessive ou, à l’inverse, indifférence émotionnelle
- Réactions plus sèches ou cyniques qu’à l’habitude
- Moins de plaisir à écouter ou accompagner
- Sentiment de culpabilité lorsqu’on fixe des limites
Pourquoi les aidants et responsables sont plus exposés
Les professionnels du soin accompagnent la souffrance humaine au quotidien. Les responsables, eux, portent aussi le poids des équipes, des conflits, des décisions difficiles. Leur charge émotionnelle est souvent sous-estimée — y compris par eux-mêmes.
Les conséquences à long terme
D’après les travaux de Figley et Stamm, la surcharge empathique peut provoquer :
- Un épuisement mental et physique
- Une baisse de la qualité relationnelle ou managériale
- Une distance émotionnelle avec les bénéficiaires ou collaborateurs
Ce qui peut vraiment aider
- Apprendre à moduler sa disponibilité émotionnelle.
- Inclure des pauses réparatrices (musique, marche, respiration…)
- Dire non sans culpabilité. Ce n’est pas refuser, c’est se protéger.
- Partager avec des pairs dans un cadre sécurisé
Ce que les organisations peuvent mettre en place
- Des espaces réguliers d’échange (supervision, coaching...)
- La reconnaissance de la charge émotionnelle comme facteur de risque réel
- Une culture du répit valorisée, et non vue comme une faiblesse
La fatigue émotionnelle n’est pas un échec personnel. C’est une conséquence normale d’un excès d’engagement sans retour. La reconnaître à temps, c’est préserver les forces vives d’une organisation : celles et ceux qui prennent soin des autres.
Conseil : Et vous… Qui prend soin de vous ?